Le christianisme s’implante tardivement à Madagascar. Les tentatives d’évangélisations par les Européens dépuis le XVIème siècle ont échoué. Le catholicisme et le protestantisme s’établissent finalement au XIXème siècle. Traditionnellement, les Malagasy croient en l’existence d’un Dieu Créateur unique. Cependant ils s’adressent d’abord à leurs ancêtres qu’ils considèrent comme leurs intercesseurs auprès de ce Dieu Créateur. A Madagascar, les morts ne sont pas morts, les morts sont vivants. Ce sont les vivants qui meurent.
Réligion traditionnelle basée au culte des ancêtres
Dieu c’est Zanahary (le Créateur) ou Andriamanitra (le Siegneur Parfumé). Les Malagasy croient en ce Dieu unique. Considérés comme plus proches des vivants, les ancêtres sont les intermédiares envers Dieu. A la fois craints et respectés, ils dictent les faits et gestes des gens sinon ces derniers risquent d’encourir de leur colère. Leurs répresailles peuvent se manifester par la maladie, par un fléau (grêle, inondation, épilépsie etc.), ou même la mort.
Tout peut être un lieu de culte même un objet le plus anodin pour le non-initié. Un espace naturel ou créé : source, arbre, tombe, rocher, pierre levée, etc.
Les ancêtres sont les morts de la famille élevés à ce statut après un rituel de sacralisation qui leur est dédié. Longue veillée mortuaire au village avant la mise sous tombe et qui peut durer longtemps chez les Antandroy, Antanosy, Mahafaly. Exhumation et réenveloppement des ossements après quelques années de l’enterrement chez les groupes des hautes terres centrales (Betsileo, Merina, Sihanaka, etc.). Ces fêtes mortuaires occasionnent toujours l’abattage des zébus.
Le zébu, animal sacré et symbole de la richesse
Le zébu tient une place prépondérante dans les sociétés malagasy en tant que symbole de pouvoir, de richesse. L’animal est toujours présent et sacrifié pendant les rites et cérémonies traditionnelles. Des morceaux considérés comme nobles sont prélevés et déposés sur des endroits sacrés lors du sacrifice (bosse, viande de croupe, bucrâne, sang) et d’autres morceaux offerts aux personnalités honorées (souverain, chef, personne âgée…).
Rites et cérémonies identitaires du groupe
Des régles sociales collectives appelées « fady » (interdits, tabous) régissent et identifient une entité (famille, lignage, clan, tribu, groupe). Ces interdits peuvent être alimentaires, gestuels, verbaux, vestimentaires. Par exemple, il est interdit pour le Bara de faire du mal aux pintades. Elles auraient sauvé leurs ancêtres de leurs ennemis autrefois. Les Antandroy respectent la tortue. Le Betsileo a peur du serpent qu’il croit être la réincarnation du souverain. Le Merina ne mange pas de la viande de crocodile lequel était considéré comme un allié dans un passé lointain.
Jusqu’à nos jours, beaucoup de ces fady restent vivaces et respectés, surtout en milieu rural. La transgression d’un tabou met en danger la personne elle-même et/ou toute la communauté entière.
Les chants et les danses font entrer en transes lors des séances d’invocation des ancêtres royaux. Ces cultes de possession se pérpétuent lors des grandes fêtes collectives que sont le Fitampoha (bain des réliques royales) chez les Sakalava du Menabe, le Fanompoambe (grande corvée) chez les Sakalava du Boina, le Tsangan-tsaigny (éréction du mât royal) chez les Antankarana.
Christianisme, syncrétisme, islamisme
Bien que le christianisme soit implanté à Madagascar depuis le XIXème siècle, le culte aux ancêtres perdure et reste vivace. D’ailleurs les gens mélangent le christianisme et l’animisme : c’est le syncrétisme.
Pour les chrétiens, il y a plus de catholiques que des protestants. Le rapport varie selon la région. Au XIXème siècle, les missions chrétiennes présentes à Madagascar se sont partagées les terrains d’évangélisation. Ainsi, les protestants méthodistes sont plus nombreux à Antananarivo, les luthériens à Antsirabe, les catholiques à Fianarantsoa, les orthodoxes à Toliary.
Un mouvement de réveil protestant ou Fifohazam-panahy voit le jour à la fin du XIXème siècle après la conversion d’un guerisseur traditionnel au protestantisme. Les révivalistes (Fifohazana) se détachent radicalement des cultes des morts qu’ils considèrent comme du paganisme. Ils sont réconnaissables à leur façon de se vêtir tout en blanc. Les Mpiandry (bergers) ou Mpianatry ny Tompo (disciples du Seigneur) guérissent les maladies ou exorcisent le mal par la prière et l’imposition des mains.
La réligion musulmane est présente à Madagascar depuis le XIIIème siècle surtout vers la côte ouest et nord où il y avait des anciens comptoirs arabes. La proximité et les échanges commerciaux avec les Comores facilitent aussi cette islamisation. On note un certain mélange avec la réligion traditionnelle.